06-11-2025 La Caille des blés : un oiseau migrateur assez peu connu
La Caille des blés (Coturnix coturnix) est un oiseau migrateur dont les populations et les trajets restent difficiles à étudier. Très mobile, elle choisit des habitats éphémères pour se reproduire, ce qui rend son suivi complexe. La France est à la fois un espace de reproduction et une halte migratoire majeure pour les oiseaux en route vers le nord ou le sud.
Pour mieux comprendre sa biologie, ses voies migratoires et ses comportements, le programme personnel de baguage n°852 a été lancé en 2016. Porté aujourd'hui par les fédérations des chasseurs en collaboration avec l'Office Français de la Biodiversité (OFB), il repose sur l'engagement de bagueurs bénévoles et professionnels.
En 2024, 118 bagueurs étaient autorisés à participer, dont 79 ont réalisé des captures. Grâce à eux, ce sont 3 541 nouveaux individus qui ont été bagués. La saison de baguage 2025, qui vient tout juste de s'achever, semble sur les mêmes bases en termes de captures.
Ces données portent à plus de 28 000 le nombre total de baguages réalisés depuis 2016, offrant une base solide pour analyser les tendances et les mouvements de l'espèce.
Les cailles hivernent en Afrique, mais où??

En vert, les oiseaux bagués, en jaune, les contrôles, en rouge, les reprises. Les traits joignent le lieu de baguage à celui de contrôle ou de reprise.
L'un des aspects les plus importants du programme est le suivi des reprises de bagues — c'est-à-dire la redécouverte d'oiseaux déjà bagués, parfois très loin de leur lieu de baguage initial.
En 2024, 110 reprises ont été réalisées, dont certaines à l'étranger :
- 33 cailles ont été reprises en Espagne
- Une caille baguée dans le Lot-et-Garonne en 2020 a été reprise au Sénégal en 2024. Cet oiseau détient le record de durée de port de bague et représente aussi la «?donnée la plus au sud?»
- Un autre individu, bagué dans le Gers, a été retrouvé au Maroc, près du détroit de Gibraltar.
Ces découvertes illustrent les capacités de migration de la Caille des blés, mais aussi l'importance des échanges entre pays pour son suivi. Nous ne disposons, en effet, que d'une petite dizaine de reprises en Afrique.
Des innovations pour mieux comprendre l'espèce
En 2024, le programme a mis en place un protocole de points d'écoute standardisés pour estimer l'abondance des cailles. Ainsi, avant chaque tentative de capture, le bagueur, ou la bagueuse, réalise une écoute de cinq minutes. Puis, il diffuse pendant une minute une bande son qui contient huit créneaux d'appels de femelle de caille. Suite à cette diffusion, une autre période d'écoute de cinq minutes est réalisée. Le nombre d'oiseaux ayant chanté de manière spontanée sont notés à part de ceux qui sont contactés après stimulation.
Grâce à 3 266 points d'écoute, les bagueurs ont pu recueillir des données précieuses :
- 5 981 mâles ont été contactés, mais seulement 25% chantaient spontanément. Les autres oiseaux ont été contactés suite à la diffusion du chant de la femelle.
- Le succès de capture (proportion d'oiseaux capturés parmi ceux détectés) s'élève à 46%.
- Un indice d'abondance de 3,82 oiseaux contactés par heure de capture a été calculé, offrant une première estimation d'un indice d'abondance qui pourra être suivi dans le temps.
Ces indicateurs, bien que préliminaires, ouvrent la voie à un monitoring plus précis de l'espèce à l'échelle nationale. Des discussions sont en cours avec les autres pays européens pour généraliser ce protocole d'écoute sur les différents couloirs de migration de l'espèce.
Le baguage, un outil scientifique au service de la chasse durable

Le baguage des oiseaux ne se limite pas à la Caille des blés. Il s'inscrit dans une démarche plus large de connaissance scientifique et de gestion durable des populations, comme le montre le programme AVIMARK, porté par la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) en collaboration avec le Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN) et soutenu par l'OFB.
Le projet d'AVIMARK vise à :
- Améliorer la circulation des données entre les bagueurs, les chasseurs et les centres de baguage.
- Encourager les chasseurs à déclarer les bagues qu'ils retrouvent, car chaque bague est une mine d'informations sur les migrations, les taux de survie et les voies empruntées par les oiseaux.
- Former les acteurs cynégétiques pour qu'ils participent activement à ces programmes de suivi.
Chaque bague déclarée compte ! En transmettant les informations des bagues retrouvées, les chasseurs contribuent directement à la recherche scientifique et à la préservation des espèces. En échange, ils reçoivent l'historique de l'oiseau : lieu et date de baguage, âge, sexe, et parcours.
Et demain ?
Le programme de baguage de la Caille des blés se poursuit avec des améliorations pour faciliter la saisie et l'analyse des données. L'objectif reste le même : affiner les connaissances sur cette espèce pour mieux la protéger et adapter les pratiques de gestion des habitats.
Un grand merci aux bagueurs et aux chasseurs, dont l'engagement permet de faire avancer la science et la conservation de cette espèce emblématique !
Vous avez trouvé un oiseau bagué ? Que ce soit une Caille des blés ou une autre espèce, déclarez votre bague en ligne sur https://www.chasseurdefrance.com/oiseaux-bagues/ ou auprès de votre fédération départementale des chasseurs. Chaque déclaration est une pièce du puzzle pour mieux comprendre et préserver nos oiseaux migrateurs.
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