24-09-2025 Les grives migrent vers l'Occitanie : aidez-nous à documenter leur passage
Un phénomène migratoire en cours
En septembre, un mouvement discret, mais régulier s'amorce dans le ciel occitan. Les grives, ces petits passereaux de la famille des turdidés, entament leur migration automnale depuis leurs territoires de reproduction nordiques. Ce déplacement, qui s'étale sur plusieurs mois, transforme progressivement l'Occitanie en terre d'accueil temporaire pour des milliers d'oiseaux venus du nord de l'Europe.
La migration des grives n'est pas un nouveau phénomène, mais sa connaissance reste lacunaire. Chaque automne, quatre espèces principales traversent ou s'installent dans notre région, chacune avec ses propres particularités et son calendrier spécifique.
Quatre espèces, quatre stratégies
| La Grive musicienne : la pionnière La Grive musicienne ouvre traditionnellement la saison migratoire dès le début septembre. Cette espèce, facilement reconnaissable à son plumage tacheté et à son chant mélodieux, effectue des déplacements relativement courts depuis l'Europe centrale. Son passage s'étale généralement jusqu'en novembre, avec des pics d'intensité variables selon les conditions météorologiques. |
![]() Photographié par : Florian Weber |
![]() Photographié par : Florian Weber |
La Grive mauvis : la nordique Plus petite que sa cousine musicienne, la Grive mauvis entreprend le voyage le plus long. Nichant principalement en Scandinavie et dans le nord de la Russie, elle parcourt parfois plus de 2000 kilomètres pour atteindre nos régions. Son identification demande un œil exercé : elle se distingue par son sourcil clair caractéristique et ses flancs roux orangé. |
| La Grive litorne : la grégaire La Grive litorne se remarque surtout par son comportement. Elle voyage et se nourrit en groupes compacts, parfois de plusieurs centaines d'individus. Ces rassemblements offrent des spectacles saisissants dans les vergers et les prairies où elles font halte. |
![]() Photographié par : Ornitolog82 |
![]() Photographié par : Cosmin Manci |
La Grive draine: la robuste La plus imposante des quatre, la Grive draine, effectue des déplacements moins systématiques. Certaines populations demeurent sédentaires dans nos régions, tandis que d'autres arrivent de Grande-Bretagne ou d'Europe du Nord. Sa taille et son comportement plus farouche la distinguent nettement des autres espèces. |
L'Occitanie, carrefour migratoire
Notre région occupe une position stratégique sur les routes migratoires européennes. Située entre les zones de reproduction nordiques et les quartiers d'hivernage méditerranéens et ibériques, l'Occitanie sert à la fois d'étape de repos et de destination finale pour de nombreuses grives.
Cette situation géographique particulière fait de nos territoires un observatoire privilégié pour comprendre les évolutions des flux migratoires. Les changements climatiques, les modifications de l'occupation des sols et les variations des ressources alimentaires influencent directement les routes et les calendriers de migration.
Pourquoi documenter ce passage ?
La migration des grives constitue un indicateur précieux de l'état de nos écosystèmes. Les variations d'effectifs, les modifications des dates d'arrivée ou les changements d'itinéraires renseignent sur les évolutions environnementales à différentes échelles.
Ces données contribuent également à une meilleure compréhension des besoins de ces espèces en période critique. Les sites de halte migratoire, les ressources alimentaires disponibles et les conditions d'accueil déterminent en grande partie le succès de ces longs voyages.
Comment participer à ce recensement ?
Observer et noter la présence des grives ne demande pas de compétences ornithologiques pointues. Quelques éléments simples permettent de contribuer utilement à cette collecte de données :
Quand observer ? La période s'étend de septembre à novembre, avec des pics généralement observés en octobre. Les meilleures conditions d'observation se situent le matin, dans les deux heures suivant le lever du soleil, quand les oiseaux sont les plus actifs.
Où regarder ? Les grives fréquentent une grande variété d'habitats : vergers, haies, lisières forestières, parcs urbains, jardins. Elles recherchent particulièrement les secteurs riches en baies et en fruits sauvages.
Que noter ? L'information la plus utile reste la simple constatation de présence : espèce observée, nombre d'individus, date et lieu d'observation. Ces données, même basiques, alimentent directement les bases de connaissances régionales.

Comment transmettre ? La plateforme Vigifaune, accessible via son site web ou son application mobile (android ou iOS), permet de saisir facilement ces observations. Chaque donnée est géolocalisée et horodatée automatiquement.
Un réseau qui grandit
Cette collecte d'informations s'appuie sur un réseau d'observateurs citoyens qui ne cesse de s'étoffer. Depuis le lancement de Vigifaune, près de 3500 personnes ont créé un compte sur la plateforme, dont près de 1000 contribuent régulièrement aux observations.
Ce réseau rassemble des profils très diversifiés : chasseurs, naturalistes, agriculteurs, promeneurs, retraités, familles... Tous partagent la curiosité de mieux connaître la faune qui les entoure et la volonté de contribuer à sa documentation.
Les résultats de cette mobilisation collective commencent à dessiner une image plus précise de la biodiversité régionale. L'atlas en ligne, consultable librement, rassemble désormais près de 175 000 données sur la faune d'Occitanie, dont plus de 53 000 proviennent directement des observations citoyennes.
Des données en temps réel
Toutes les observations collectées via Vigifaune alimentent directement l'Atlas du patrimoine faunistique et cynégétique d'Occitanie. Cette base de données, consultable par tous, permet de consulter en temps réel la répartition des espèces sur le territoire régional. L'ensemble de ces données sont versées annuellement au SINP Occitanie.
Pour les grives, ces informations révèlent progressivement les secteurs de concentration, les périodes de pic migratoire et les évolutions d'une année sur l'autre. Ces données, croisées avec celles d'autres réseaux d'observation, contribuent à une vision d'ensemble des phénomènes migratoires en Europe occidentale.
Un engagement accessible à tous
Participer à ce recensement ne demande ni équipement spécialisé ni disponibilité contraignante. Des jumelles peuvent aider à l'identification, mais n'est pas indispensable pour les observations de proximité. L'important reste la régularité et la précision des notations, même pour des observations apparemment banales.
Cette démarche de science participative transforme chaque promeneur en contributeur actif à la connaissance naturaliste régionale. Elle illustre comment l'engagement citoyen peut compléter efficacement les suivis scientifiques professionnels, particulièrement sur un territoire aussi vaste que l'Occitanie.
L'automne commence à peine et les grives entament leur grand voyage. Chaque observation, chaque donnée collectée enrichit notre compréhension de ces mouvements migratoires fascinants. Rejoignez ce réseau d'observateurs et contribuez à documenter ce patrimoine naturel en mouvement.
Cette action est réalisée dans le cadre du programme CynObs.

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