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24-05-2018 Petit tour d'horizon sur les espèces chassables

Petit tour d'horizon sur les espèces chassables
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Bécasse des bois. Après une migration de novembre qui semble avoir démarré très doucement, les arrivées d’oiseaux ont été plus importantes pendant la première décade de décembre avec des oiseaux restant bien abondants tout le long deux dernières. Beaucoup d’oiseaux ont également été observés pendant la 1ère quinzaine du mois de janvier. Les levées se sont faites moins abondantes sur la fin janvier sans creux nettement marqué et ont continué de se faire moins fréquentes jusqu’au 20 février, date de la fermeture. Il importe de noter que, nous avons alerté les chasseurs sur la présence importante de sujets adultes dans les tableaux et de fait sur la nécessité de continuer à chasser, mais de prélever moins. Appliquant ainsi les directives prônées par les services de l’ONCFS. Cet appel à la modération a été envoyé par SMS à tous les chasseurs, bécassiers ou non et relayé sur le site internet ainsi que sur la page Facebook de la Fédération Départementale des chasseurs de l’Aveyron. Plusieurs chasseurs toutefois se sont émus de cet appel à moins prélever alors que sur le terrain les oiseaux étaient présents en nombre. Cela a soulevé quelques polémiques sur la gestion « départementale » d’un migrateur au long cours. Appelant d’inévitables questionnements pour savoir quelle était en la matière l’attitude adoptée par les départements voisins, l’attitude adoptée par les régions de France réputées pour héberger des quantités importantes d’oiseaux et surtout quelle était l’attitude adoptée par les autres pays européens en termes de gestion de l’espèce. Quoi qu’il en soit, en Aveyron, il s’est fait de très nombreuses levées et l’année a été particulièrement remarquable en termes de nombre d’oiseaux vus.
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Pour les Bécassines, l’année aura été décevante. D’une part les oiseaux sont arrivés précocement sur les hauteurs du département, avant l’ouverture générale. Malheureusement, la sécheresse ne les a pas incités à stationner longuement sur les montagnes de l’Aubrac. Cette instabilité a été confirmée par de nombreux chasseurs qui ont souligné que les oiseaux observés en semaine n’étaient plus au rendez-vous le weekend. Au final, il n’y aura pas eu de belles tombées et très vite la neige a empêché la chasse sur les hauteurs du département. Le décantonnement du fait de la neige aura été perceptible, car des oiseaux ont pu être observés dans des densités assez importantes sur des zones humides plus basses en altitude où la neige n’est pas restée. D’ailleurs, les densités importantes d’oiseaux observées sur certaines zones humides confirment les craintes liées à la destruction des habitats. Le drainage conduisant à l’assèchement des milieux marécageux et d’une manière moindre la déprise agropastorale sur certaines zones humides et aussi les plantations de peupliers en zone humide ont réduit la dispersion des oiseaux. Obligeant ces derniers à se concentrer sur les zones favorables restantes ce qui a certainement dû participer à réduire la durée de stationnement en hivernage.
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Le Lièvre avant l’ouverture aura un temps donné des raisons d’espérer une belle saison. Puis très vite les premiers jours d’ouverture ont donné le ton et nombre de sociétés de chasse ont pris les devants et réduit le nombre de jours de chasse. Certaines sociétés préoccupées par l’avenir du lièvre ont même récupéré les bracelets pour que l’espèce ne soit plus chassée. Il faut dire qu’il s’est vu très peu de lièvres sur certains secteurs au point de susciter de très vives inquiétudes de la part des gestionnaires. Les comptages de fin de saison ont confirmé des effectifs en baisse sans toutefois laisser entrevoir le marasme que nous avons pu craindre. Les problématiques sont connues, les fauches précoces et toujours plus rapides entraînent la disparition d’un nombre conséquent d’animaux tous les ans. Par ailleurs, les maladies comme la variante du VHD et l’EBHS ont également été détectées sur des animaux morts.
Le lapin de garenne connait une légère hausse sur le causse Comtal. Après avoir connu une baisse significative du fait de la Myxomatose. Il s’en revoit également en nombre assez conséquent dans les secteurs périurbains, les ronds-points, les talus routiers et les zones d’activités avec des enrochements. Secteurs d’où il n’avait pas disparu, mais où ses effectifs avaient fortement diminué. Il se chasse toujours assidument sur les « eldorados » à lagomorphe comme à Creissels et à Broquiés. La Fédération en partenariat avec l’Anclatra et les Louvetiers ont réalisé plusieurs journées de captures pour distribuer des reproducteurs sur le département. À ce jour les efforts de capture se sont concentrés sur le causse comtal. L’urbain et le périurbain ainsi que certains ronds-points du Ruthénois mériteraient également des opérations de capture.
Concernant le faisan de Colchide deux communes sont en plan de chasse (Luc-La-Primaube et Flavin) et bénéficient de lâcher de sujets F2 c’est-à-dire de faisans dont les grands-parents étaient de souche « sauvage ». Cela se traduit par des oiseaux qui ont conservé un instinct de fuite et surtout l’instinct de couvaison et des qualités maternelles pour l’élevage des jeunes. Après plusieurs années il semble qu’une partie de ces oiseaux aient été faire souche sur certaines communes voisines. Aussi, les sociétés de chasse limitrophe, qu’elles en soient une nouvelle fois remerciées ici, ont accepté de ne pas tirer le faisan sur des secteurs bordurier de la commune de Luc-La-Primaube et de Flavin. À ce jour les effectifs semblent être stables et se maintenir. Toutefois il appartiendra aux communes concernées de faire évoluer demain ou plus tard le plan de chasse qui pour l’instant est fixé à zéro. Ici aussi, la problématique majeure est liée aux performances du machinisme agricole qui réduit localement à néant les efforts de reproduction. Cela, considérant que les deux sociétés de chasse sont actives et travaillent assidûment sur les prédateurs.
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La caille des blés. Ce fut une année plutôt triste. Il est difficile de dire si les oiseaux ont été présents en moindre quantité tant ils ont semblé ne pas tenir en place. Les secteurs traditionnellement connus pour héberger des densités d’oiseaux importantes comme le plateau du Larzac n’ont pas donné à voir les rassemblements habituellement connus. En revanche des zones comme le plateau du Lévezou et de l’Aubrac ont vu des quantités inhabituelles d’oiseaux et nombreux ont été les témoignages de reproduction enregistrés sur ces secteurs. La sècheresse que le sud Aveyron a connue cette année a certainement influé sur cette répartition. La suite de l’histoire est connue et devient malheureusement récurrente, les déchaumages précoces pour ne pas dire immédiat, ont favorisé les mouvements et les déplacements d’oiseaux.
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Les Turdidés. Les prélèvements cynégétiques annuels sont encore assez mal connus ou estimés concernant les 5 espèces gibier. Les tendances mettent en évidence de fortes disparités selon les secteurs. Les passages ont été plutôt décousus et les prélèvements en conséquence. Par rapport à l’année dernière où la vague de migration prénuptiale s’était faite essentiellement après la fermeture, cette année des oiseaux ont été vus assez régulièrement avant de devoir ranger les fusils. Dans une perspective de conservation de ces espèces, il est impératif de veiller au maintien de la qualité des habitats de reproduction notamment en France, mais aussi et surtout dans les pays de l’Est, notamment en Russie. Chez nous, le girobroyage des haies sur trois côtés et la réduction de l’emprise des paysages bocagers sont extrêmement préjudiciables. Du côté des tendeurs, ce fut une petite saison, la météo explique en très grande partie des résultats décevants. À tous les chasseurs à la tendelle du département et toutes espèces confondues il s’est prélevé autant d’oiseaux que ne tuent une à deux éoliennes par an…
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Les pigeons ramiers ont été surtout présents sur octobre et novembre. Beaucoup de petits vols ont été observés et de fait plus de vols ont été vus. Cependant, là aussi, le ressenti des uns n’est pas forcément celui des autres. Le sud Aveyron a connu une belle saison avec une durée de passage précoce qui aura duré jusqu’au 20 novembre. Ailleurs, c’est plus décevant. Au final, si on se réfère aux grandes tendances qui remontent dans le sud-ouest, la saison aura été bonne à moyenne. Les oiseaux venant par l’axe des Flandres et de la Belgique ont semble-t-il partiellement refusé de migrer en masse du fait d’une nourriture bien présente et de l’absence de conditions climatiques obligeant au déplacement. Le changement climatique, préoccupe d’ailleurs beaucoup les chasseurs de pigeon qui voient certains axes moins empruntés au profit d’autres…
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Les perdrix rouges ont fait l’objet d’attention particulière dans le sud Aveyron avec la saison dernière des lâchers de perdreaux « éduqués ». Il s’agit d’oiseaux ayant bénéficié d’un élevage au cours duquel ils ont été confrontés à des stimuli destinés à leur apprendre la peur des prédateurs et des réflexes de fuite. Ainsi, des fauconniers ont fait voler leurs oiseaux dans et autour des volières et des chiens d’arrêt ont également étaient mis en contact avec les oiseaux d’élevage. Il en résulte des oiseaux qui de l’avis des sociétés qui en ont bénéficié sont plus vifs, plus nerveux. Cependant, les résultats sont mitigés et difficiles à quantifier après une seule année d’expérimentation. La Fédération souhaite reproduire une nouvelle année l’expérience avant de décider de sa poursuite une troisième année ou non. L’objectif à atteindre étant bien évidemment de conserver suffisamment d’oiseaux sur le terrain pour qu’ils puissent se reproduire.
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Le Colvert est le représentant le plus assidus de nos zones humides et de nos plans d’eau. Sédentaire dans les rivières et les plans d’eau, il amorce depuis quelques années lui aussi un rapprochement stratégique dans les villes, traversées par des cours d’eau. Il en résulte parfois des croisements inopportuns avec des canards issus de marronnage. Quoi qu’il en soit l’espèce se porte plutôt bien et pourrait même s’imposer comme un gibier d’avenir. Cette année encore des sarcelles d’hiver ont été observées très loin devant des prélèvements tout à fait anecdotiques de siffleurs et de souchets.
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Le Chevreuil se porte très bien. Les difficultés pour réaliser les plans de chasse ont tenu surtout au fait que les chasseurs ont mis la pression sur les prélèvements de sanglier, délaissant quelque peu les chevreuils. Les effectifs sont à la hausse dans nombre de secteurs du département avec comme le soulignent la majorité des visiteurs extérieurs la présence sur notre département de très beaux trophées. À cet égard il peut être opportun d’encourager le tir d’approche ou d’affût par la vente de bracelets. Cela surtout si l’on retrouve sur vos territoires des exploitations maraichères ou des plantations de fruitiers ou forestières récentes
Concernant le Cerf les résultats sont conformes aux observations et aux écoutes réalisées. Toutefois, on note une concentration accrue des cervidés sur certains secteurs du territoire. Concentration qui fausse la perception des effectifs et nous pousse à être très vigilants quant à donner des tendances. Dans plusieurs sociétés de chasse de l’Aubrac, les plans de chasse ont été réalisés sur des secteurs bien précis du territoire où l’on a noté un comportement des cervidés devenus davantage grégaires, et cela tout au long de l’année. Certains tènements historiques où le cerf était très présent ont connu des baisses d’effectif significatives au point parfois de ne plus en voir ou très peu. Plusieurs sociétés de chasse ont expliqué avoir réalisé leur plan de chasse sur certains secteurs de leur territoire uniquement. Confirmant ainsi le rassemblement des animaux que beaucoup ont ressentis. Aussi, la tendance à la baisse du nombre de cervidés un temps pressenti n’est-elle pas forcément effective. Il semble qu’il s’agisse plutôt d’un changement de comportement des animaux qui se rassemblent en nombre en des points clefs du territoire. Plusieurs hypothèses ont été évoquées d’une manière tout à fait empirique comme la présence du loup qui favoriserait des rassemblements pour bénéficier d’une surveillance mutuelle. La Fréquentation en hausse constante des bois de l’Aubrac pendant le brame pourrait également justifier un temps du moins ces changements de comportement. À ce sujet, soulignons que nous avons noté cette année encore une recrudescence de la fréquentation touristique du massif de l’Aubrac pendant toute la période du brame. Si cela ne pose aucun problème lorsqu’il s’agit de réaliser des points d’écoute depuis le bord de route ou de chemins, il en est tout autre lorsque certains pénètrent dans les bois lampe de poche en main pour partir à la rencontre des cerfs. On évoquera également des « effets réserves » sur des tènements comme pouvant également être mis en avant pour expliquer cette répartition des cervidés. Le manque de nourriture, une exploitation forestière en hausse ou bien la météo ne pouvant pas être cette année considérés comme des facteurs ayant eu un impact significatif susceptible de faire massivement évoluer les comportements. Dans le sud Aveyron, les effectifs sont stables, légèrement haussiers avec des cerfs présentant des trophées de plus en plus beaux. Là il serait judicieux, à l’image de ce qui se fait sur le massif de l’Aubrac de proposer plus encore de bracelets à l’approche au moment du brame.
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Et enfin le sanglier, les chiffres ne laissent pas de place à l’équivoque. 13350 sangliers ont été prélevés la saison dernière. C’est plus de 1500 de plus que l’année précédente. Il y a là une véritable problématique, car nous enregistrons une hausse tout aussi spectaculaire des demandes d’indemnisation des dégâts. Il va de soi de notre Fédération ne pourra pas supporter pareil niveau d’indemnisation longtemps. Les efforts consentis par les uns pour chasser plus et prélever plus sont malheureusement remis en cause par quelques gestionnaires mal avisés. Il faut être très clair sur ce point, la réforme du permis de chasse qui se profile à horizon 2019-2020 nous imposera demain de faire participer plus encore le territoire à l’indemnisation des dégâts. En outre les risques inhérents à la peste porcine, présente aujourd’hui à quelques centaines de km de la France doivent être pris en considération. Il n’existe aucun vaccin pour se prémunir de cette maladie qui affecte tout autant les sangliers que les cochons domestiques. Seule une diminution de la densité des suidés permet de limiter sa propagation. L’Allemagne, la Pologne ont amorcé des prélèvements spectaculaires pour se prémunir d’une dispersion trop grande du virus. N’attendons pas de devoir en arriver là.

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